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La vérité sur le petit déjeuner

logo-fete-gastronomieRien à voir entre le breakfast anglais et le petit déjeuner français : œufs-bacon contre croissants, il n’est pas certain qu’il y ait un vrai gagnant du point du vue nutritionnel ! Ce qui est sûr, c’est qu’il est bien difficile d’équilibrer le repas le plus important de notre journée. Les conseils de la nutritionniste Solveig Darrigo-Dartinet tombent sous le sens, mais sont bien difficiles à suivre au quotidien. Pas d’angoisse, elle est lucide sur les limites de l’exercice : ça rassure !

petit_dejLongtemps le petit déjeuner français, (dit « continental » dans les restaurants), est resté immuable : café et croissants, un verre de jus de fruit, beurre et confiture, tartines de pain grillé, miel… Dans le même temps, nous avions construit sur les « breakfasts » des anglo-saxons une multitude d’idées fausses, comme sur le fameux « œuf bacon saucisse ». Outre-Manche, ce petit déjeuner complet appelé « full english » est un peu boudé au quotidien par manque de temps. Mais il reste présent sur les tables familiales anglaises pour les vacances ou le week end, car les britanniques y sont attachés.  Nous, français, avons sur cette base imaginé qu’un petit déjeuner riche en protéines donnait l’assurance d’une journée énergique aux apports équilibrés. Mais Solveig Darrigo-Dartinet nous rappelle que l’excessif est néfaste : « Il faut faire attention au cumul de protéines dans la journée, car le corps ne sait pas les stocker, il doit donc les drainer. C’est le travail de filtre du rein, qui dans le cas d’une alimentation trop protéinée, fatigue excessivement car on ne peut pas boire au prorata des protéines que l’on consomme. Si on n’y prend garde, on peut aller jusqu’à l’insuffisance rénale. Il faut dire que la plupart du temps, le « full english » compense une autre organisation des repas que la nôtre car les anglais ne mangent pas comme nous à midi : beaucoup de français ne négligent pas l’entrecôte pour déjeuner, et ont gardé la tradition d’un vrai repas (même s’il est pris rapidement). Par contre, les anglais sont eux plus adeptes du « snacking », sorte de grignotage sur le pouce, qui ne nécessite ni de couverts ni de s’attabler. C’est pourquoi on peut considérer qu’ainsi un apport conséquent de protéines le matin compense leur absence le midi. »

On dit parfois que si on prend un petit déjeuner riche, avec tartines beurrées, brioche et pâte à tartiner, cela n’a pas d’importance puisqu’on aura toute la journée pour le dépenser : alors, peut-on tout se permettre le matin ? Solveig n’est pas si optimiste, et nuance tout de même cette idée reçue : « Il faut reconnaitre qu’il y a des moments où l’on draine mieux que d’autres. C’est vrai que le gras et le sucre se stockent plus facilement au fur et à mesure que l’on avance dans la journée. Donc dans l’absolu, il vaut mieux que ce type d’ingrédients soit plutôt pris le matin que le soir avant de se coucher. Mais en réalité, nous devons avoir une réflexion plus globale, en prenant en compte le cumul des apports sur une journée : si nos besoins sont de 2000 calories par jour en moyenne, et que nous absorbons 2200 calories tous les jours, cela va peser sur la balance. Et ce n’est pas parce que nous prendrons un petit déjeuner hyper riche le matin, et une salade sans huile le soir, que cela changera quelque chose ! »

Mais alors que faut – il manger le matin ? Solveig nous donne les consignes de base : Notre petit déjeuner doit dans l’absolu représenter un quart de nos apports nutritionnels de la journée. Il doit comporter quatre types d’ingrédients :

  • Une boisson, de préférence chaude, afin de bien réhydrater le tube digestif
  • Un produit céréalier, de préférence un pain complet plus dense qu’un pain blanc ou un pain de mie qui comporte plus d’air donc est moins nourrissant, et dont les sucres rapides sont assimilés plus vite
  • Une source de protéines, que l’on trouve par exemple dans un produit laitier type yaourt ou fromage blanc
  • Un fruit, notamment pour l’apport de fibres. (Attention au jus qui contient les vitamines mais pas les fibres)
  • Autour gravitent les produits « satellites », confitures, beurre, miel, qui sont des petits bonus, sans grand intérêt nutritionnel mais qui nous font plaisir.

Nous savons maintenant ce qu’il faudrait faire… Mais en même temps, qui peut se permettre de prendre le temps nécessaire à faire le matin un vrai repas ? Entre le fait de devoir construire notre petit déjeuner de manière équilibrée, et nos contraintes de famille et de trajets, nous sommes dans l’obligation de faires des impasses, et Solveig en est bien consciente. Heureusement, elle nous rassure ! « Le petit déjeuner régule l’ensemble de la journée. Il évite par exemple la fringale de 17h00. Mais il faut relativiser : chacun fait ce qu’il peut. Idéalement, il faut un produit de chaque famille d’aliments. Mais je sais bien que c’est difficile au quotidien. Et quand bien même, s’il ne devait en rester qu’un, ce serait peut-être le fruit, quitte à le prendre en milieu de matinée. Peu, c’est mieux que rien… ».

Retrouvez Solveig Darrigo – Dartinet tous les vendredi sur France 5, dans le Magazine de la santé, entre 13h30 et 14h30.

Les ateliers Nutrition de Solveig à Issy les Moulineaux : http://www.nutriveig.fr